News / 2018, October 9

Courchesne Larose: un géant de la distribution

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Alain (A) : L’entreprise est née dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve et a débuté comme simple grossiste de fruits et légumes et de foin. Mon grand-père est devenu actionnaire de Courchesne Larose dès ses débuts et a racheté les parts des deux fondateurs par la suite. On servait les petits marchands locaux. Puis ç’a été les chaînes de supermarchés pour qui on livrait directement dans leurs magasins.

Avec les années, on a commencé à acheter nos bananes à New York, puis à faire affaire directement avec les producteurs d’Amérique latine.

On a été les premiers, en 1968, à importer des clémentines du Maroc. Avec les années, l’entreprise a élargi ses services. On a créé une entreprise soeur responsable des importations et qui a été rebaptisée récemment Krops.

Aujourd’hui, on distribue nos fruits et légumes dans tout l’est du Canada, jusqu’à Terre-Neuve. On a aussi acquis une entreprise de distribution aux États-Unis, établie au New Jersey, qui approvisionne les supermarchés pour tout le nord-est des États-Unis.

Courchesne Larose a été installée durant plus de 90 ans dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, notamment rue Bercy, mais vous avez déménagé votre entrepôt en 2012. Pour quelles raisons ?

A : Durant longtemps, on livrait directement dans les magasins, mais maintenant on fait la distribution pour les grandes chaînes à partir de leurs entrepôts. Et on dessert toutes les régions du Québec. Pour des raisons de logistique, notre entrepôt de la rue Bercy ne faisait plus l’affaire.

Michel (M) : On a déménagé en 2012 à Anjou dans un entrepôt plus grand de 105 000 pieds carrés et plus facile d’accès. L’an dernier, on l’a agrandi de 75 000 pieds carrés, et il faudra probablement l’agrandir encore de 55 000 pieds carrés.

Jusqu’en 2012, Courchesne Larose n’avait jamais connu l’endettement. Même en 1958, lorsque notre père a construit l’entrepôt de la rue Bercy ; il avait contracté un prêt, mais une fois les travaux terminés, en 1960, il a remboursé d’un coup la banque.

Vous êtes, avec votre soeur Louise, les trois seuls actionnaires de Courchesne Larose. Comment réalisez-vous l’intégration des membres de la quatrième génération de la famille ?

M: Alain est le PDG de Courchesne Larose. Moi, je suis administrateur de l’entreprise, mais PDG du holding familial que mon père a baptisé MICAEL, un acronyme formé de Michel, Alain et Louise.

Ma soeur s’occupe principalement de la fondation sociale qu’a mise sur pied notre père et qui est très active dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.

Les fils de Louise, Frédéric et Alexandre Monette, se sont joints au groupe comme directeur des opérations et responsable de nos activités de détail. Mon fils Yan est coprésident de notre division d’importation Krops et mon autre fils, Francis James, est directeur administratif de notre division américaine Dandrea Produce.

Depuis quelques années, vos opérations se sont grandement diversifiées. Pouvez-vous me résumer exactement les activités dans lesquelles vous êtes impliqués et leur importance relative ?

A : Courchesne Larose compte 250 employés qui s’occupent des activités de l’entrepôt, où on effectue aussi des activités d’emballage. Notre chiffre d’affaires est de 250 millions.

On a conclu il y a quelques mois l’acquisition du distributeur J.B. Laverdure, un groupe plus vieux encore que Courchesne Larose qui est installé au marché Jean-Talon. On a ajouté une centaine d’employés et un chiffre d’affaires de 80 millions.

Notre division d’importation Krops réalise un chiffre d’affaires de 90 millions et compte une trentaine d’employés.

On a aussi lancé, il y a plus de 10 ans, notre division Aliments Bercy, spécialisée dans la distribution de fruits et légumes biologiques. Cette division, qui emploie plus de 150 personnes dans ses installations du boulevard Pie-IX, est dotée de sa propre direction. Son PDG Mike Orsini est également actionnaire de l’entreprise.

M : Lorsqu’on regroupe toutes les activités de notre holding, on totalise plus de 900 employés et un chiffre d’affaires de plus de 600 millions.

Cela inclut les activités de notre division américaine Dandrea Produce qui emploie une centaine de personnes dans le New Jersey et qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 130 millions US. On est également copropriétaires de l’entreprise de camionnage qui réalise nos livraisons dans l’est du Canada.

Vous avez, au fil des ans, développé beaucoup d’activités à l’extérieur du Québec, en réalisant notamment l’acquisition de plantations en Amérique du Sud. Quelles sont ces activités exactement ?

A : C’est mon père qui a commencé cette diversification. Il y a 40 ans, il a acheté une vaste plantation d’agrumes au Brésil, en pensant approvisionner le Québec. Mais avec le développement économique qu’a connu le Brésil, toute la production est restée pour combler les besoins du pays.

Là, on vient d’acheter une vaste terre dans le nord du Brésil pour faire la culture de la mangue et pour assurer notre approvisionnement. On a aussi acheté une bleuetière dans le sud du Chili et une plantation de clémentines au Maroc. On cherche à sécuriser nos approvisionnements.

M : On est toujours à l’affût d’opportunités. Notre acheteur senior se trouve présentement en Argentine et on a un autre de nos spécialistes en Afrique du Sud.

On a réalisé récemment l’acquisition de plusieurs fermes au Mexique et on y construit un entrepôt. C’est là qu’on va réaliser la culture de tous nos fruits et légumes biologiques pour desservir le marché de la Californie par l’entremise de notre division américaine Green Earth.

Vous n’avez jamais été actifs dans le secteur du détail. Pourquoi ne pas avoir développé ce secteur qui aurait représenté un débouché naturel ?

M : On ne l’a pas fait directement, mais on l’a fait récemment de façon indirecte parce qu’on était les créanciers principaux de deux faillites, celle du Groupe Épicia (Le Jardin Mobile et Le Marché Végétarien), qui avait une vingtaine de fruiteries, et celle du groupe Valmont. On a refinancé ces magasins et on continue de les approvisionner.

Vous êtes dans un secteur d’activité où les pertes sont un problème quotidien. Comment arrivez-vous à gérer cet enjeu continuel ?

A : Les pertes dans la distribution de fruits et légumes oscillent entre 3 % et 5 % en moyenne par année, c’est la réalité avec laquelle on doit composer.

Chez nous, on a décidé d’y remédier en lançant la marque de jus Loop que l’on produit à partir de fruits et de légumes qui sont consommables, mais qui ne sont pas présentables. Il s’agit de jus santé, sans sucre ni additif.

On a une entente avec la chaîne de magasins Sobeys, qui distribue nos boissons Loop, mais en retour on accepte de reprendre leurs produits qu’ils ne peuvent plus vendre en magasin.

Qu’est-ce qui, selon vous, explique le mieux les succès de votre entreprise aujourd’hui ?

A : C’est l’équipe avec laquelle on travaille. C’est grâce à eux que l’on obtient du succès. Ce sont eux qui nous poussent à aller plus loin, à développer de nouveaux champs d’activité, à réaliser de nouvelles initiatives. Le groupe Courchesne Larose est en fait une grande famille élargie où tout le monde apporte sa contribution.

 

La Presse, publié le 09 octobre 2018 à 07h28